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Le X3 : Les bras m'en tombent...


En lançant les billets du X3 vendredi 13 jamais je n'aurais pu imaginer que j'allais en re-poster un si vite. Et à vrai dire, j'aurais préféré ne pas avoir à écrire le billet d'aujourd'hui.


Vendredi dernier, je publiais le premier billet du X3 et des centaines de personnes tombaient sous les balles des terroristes. J'en suis restée soufflée, paralysée. Pas de la coïncidence fortuite bien sûr, mais de cet acte monstrueux. J'ai beau me passionner pour les mots et l'écriture, ils ne m'ont été d'aucun secours alors. Et en écrivant "acte monstrueux" j'ai comme une amertume qui me saisie. Les mots ne suffisent jamais à dire totalement. On peut essayer de les rapprocher de ce que l'on ressent mais ils seront toujours légèrement à coté. Parfois, seul le silence peut être réellement éloquent.


Je vous écris dans une position inconfortable, mais c'est celle qui me permet le plus de mobilité de ma main droite, sans trop forcer sur mon épaule toute cassée. Dimanche 15, j'étais à Stalingrad, c'était une journée ensoleillée qui finissait, une belle journée dit-on, en dépit de l'ambiance mortuaire, et je sortais du cinéma où j'étais allée voir The Lobster (je conseille, mais attention, ça n'est pas une comédie !). Et puis des gens ont criés, des gens ont couru. Pendant un instant je me suis demandé ce que je devais faire et puis j'ai entendu des explosions. Pétards, lampes qui sautent ? Je ne le saurais jamais, mais j'ai eu le temps de voir la terrasse du 25° Est dévastée par la foule qui se lève en hurlant, vague humaine qui allait, me semblait-il, déferler par dessus la balustrade, et j'ai moi aussi détalé comme un lapin pour venir m'écraser devant l'entrée du cinéma. Réfugiés dans les sous sol du mk2, nous allions apprendre que c'était une fausse alerte. Je ne savais plus si j'avais mal ou si j'avais peur. Les deux bien sûr. Verdict : fracture de l'épaule, deux mois d'immobilisation.


Je sens toute l’indécence de cette longue description face à l'horreur du Bataclan ou des différents bistrots visés par les attentats. Mais il me faut situer ce qui va suivre.


J'étais donc fracassée aussi bien psychologiquement que physiquement, je m'étais même payé deux crises de paniques (je ne connaissais pas, je déconseille vivement, c'est très pénible à vivre, surtout quand vous êtes nue chez le radiologue) et je me suis assise sur mon balcon, avec un des parcs parisiens sous les yeux. Je m'obligeais à rester là, à me poser enfin. Je regardais les arbres aux couleurs d'or et d'ambre. Et comme souvent cela m'a apaisé. J'ai ressenti ce calme intérieur durant quelque seconde, juste le temps de me dire que c'était bon et puis j'ai vu. J'ai vu la beauté du monde. La déchirante beauté du monde. Et c'était une douleur, tout mon être souffrant s'ouvrant péniblement à cette évidence : derrière le sang, le mal, l'agitation, la barbarie, il y a toujours le monde et sa beauté, la tranquille et sereine splendeur de la vie. J'étais soulagée de la retrouver, mais une vague de larmes m'a emportée. J'étais comme un bébé qui vient de naître et qui hurle. Mais, comme à chaque fois que les arbres me font le coup (ça n'est pas toujours les arbres, mais souvent) j'ai ressenti un immense amour, une infinie gratitude pour la vie et une immense compassion pour tous les hommes, terroristes compris. A cet instant, j'étais tout autant désespérée pour eux que pour leurs victimes. Et je comprendrais que mes mots vous choquent. Mais ces personnes qui ont commis cet irréparable sont pourtant mes frères humains. Ces hommes et ces femmes ont fréquentés nos écoles, ont habités nos villes et nos banlieues avant de les dévaster. Ils ont souffert, ils se sont sentis humiliés, écrasés, abandonnés, misérables. Que peut-on faire pour que nos frères humains souffrent moins et ainsi aiment mieux et ne finissent pas par nous mettre en joue ?


Alors, quand je vois que l'ont choisi de bombarder nos frères humains au lieu de convoquer l'amour et la compassion, les bras m'en tombent une troisième fois. Ils me tomberont encore quand la vengeance répondra à la vengeance, cycle désastreux. J'espère que mes amis les arbres auront toujours leur pouvoir, mais j'aimerais tant que l'on répande autre chose que les bombes et la désolation. Oui, s'il vous plaît.

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