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X3 : "Tu dois écrire tous les jours"


Je vous le dis tout de suite, non, je n'écris pas tous les jours.

Mais s'il est un mythe bien ancré, c'est celui de l'écrivain patenté tapant furieusement sur son clavier ou grattant la papier de sa plume tous les jours. Oui, tous les jours, pas droit au repos, écrire c'est une passion nécessitant une totale abnégation.


Certains auteurs alimentent d'ailleurs cette image proverbiale. Stéphen King par exemple. Dans son livre sur son métier d'écrivain, il nous explique longuement cette ascèse. Oui, mais, justement, c'est son métier, lui, il en vit. De plus, il a une femme qui gère l'intendance et les enfants. Tout le monde ne peut pas en dire autant et il vaut mieux être un homme pourvu d'une madame qu'une femme monoparentale affligée de marmots, mais Virginia Woolf nous le disait déjà.


Assez régulièrement, des impétrants écrivains qui viennent à mes ateliers, ou avec lesquels je discute ici ou là, m'expliquent qu'ils savent bien qu'ils devraient écrire tous les jours, mais.... mais la vie, le travail, la famille, etc... Ce mythe les poursuit comme un remord et les précède comme une excuse. Une excuse parmi tant d'autres de ne pas écrire.


J'ai longtemps écrit seulement durant les vacances (que j'ai nombreuses, il est vrai). Le rythme s'accélère en général quand mon manuscrit commence à avancer. Je suis plus habitée par mon histoire, l'écriture est plus fluide, je m'y mets aussi les week-end, mais pas tous. Et pas tout le week-end.


A la fin de l'année dernière, après l'été, j'ai dû suspendre mon écriture. Je me consacrais à mon projet de départ de l'éducation nationale, à ma formation, à mes ateliers. Plus le temps. La frustration a grandi, jusqu’aux vacances de Toussaint où j'ai réalisé qu'au lieu de monter des projets d'ateliers la seule chose que j'aurais aimé faire c'était écrire enfin ce roman qui commençait à prendre beaucoup de place dans ma tête et dans mes carnets. Mais je n'arrivais toujours pas à m'organiser pour écrire. Jusqu'à la chute et la fracture du trochiter. Il est vraisemblable que ma souffrance de ne pas écrire ce roman, de ne pas me retrouver dans ma bulle d'écrivain, a joué un rôle dans cet accident.

Passé les premières semaines d'immense fatigue et de douleur, j'ai enfin eu le temps d'écrire ! Mon roman avance, merci ! Et certaines semaines j'ai effectivement écrit tous les jours. C'est bien sûr un pur plaisir, parce qu'on ne décroche pas, on repart tout de suite à la dernière phrase écrite la veille. Mais ce n'est pas un incontournable.

J'ai aussi repéré autre chose, lors de ces dernières semaines productives. Parfois, c'est l'écriture qui me pousse, le désir d'avancer dans mon histoire, peut-être, mais surtout le simple plaisir de faire exactement ce que j'ai envie de faire au moment où j'ai envie de le faire. Ecrire est mon seul désir et je n'y résiste pas.

Mais à d'autres moment, c'est l'angoisse qui me pousse à me réfugier dans l'écriture. C'est une façon de me tranquilliser en retrouvant une activité où je me sens en confiance et en sécurité.


Je me souviens avec amusement de l'étonnement dubitatif d'une salle pleine de lecteurs quand Hervé Commère, présentant son quatrième roman, a répondu à la fameuse question : "est-ce que vous écrivez tous les jours ?". Non, il n'écrit pas tous les jours, il passe même de longues périodes sans écrire car il aime écrire mais il aime aussi ne pas écrire, et faire plein d'autres choses. J'ai senti le doute s’immiscer dans la salle, et en moi aussi. S'il n'écrivait pas tous les jours, s'il n'était pas attelé à un manuscrit à perpet comme un bagnard, était-il vraiment un écrivain ?

La réponse est oui.


Ne vous gênez pas, gardez ce mythe de la figure de l'écrivain pour en faire un personnage de nouvelle ou de roman, mais ne croyez pas que pour écrire vraiment il vous faut écrire tous les jours. Trouvez votre rythme, il sera le bon. Soyez conscient des raisons qui font que vous écrivez (ou n'écrivez pas). Et faite avec, sans excuses.

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La Narrative

La narrative va progressivement être limitée à mes activités d'auteur. A partir de janvier, publication en feuilleton du roman Le mystère de l’hippocampe, roman érotique mais pas que !

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