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"Je like plus tes com' parce que..."


Il y a quelques temps, un homme que j'ai eu l'occasion de croiser à quelques occasions -- en tout bien tout honneur -- , et qui m'avait demandé en ami sur Face Book, m'a fait cette confession surprenante : "je like plus tes publications parce que des gens du boulot m'ont fait des remarques du genre "ah, ah, ah ! Je savais pas que tu t'intéressais à la littérature érotique". Cet homme a complété son propos en m'expliquant qu'à un certain niveau de responsabilité dans une boite, il fallait être prudent.


Je ne sais pas ce qui m'a le plus étonné. Les remarques puériles des collègues de travail ou la prudence extrême de cet homme qui, tout à coup, n'assumait même plus de m'avoir comme amie sur Face Book -- qu'en aurait-il été si nous avions eu des relations plus intimes ? Aurions-nous eu une relation secrète ?


Je me suis demandé un court instant ce qu'il risquait réellement. Rien, je pense, si ce n'est de devoir simplement être qui il est aux yeux du monde -- enfin aux yeux de quelques amis FaceBook.

En tout cas bien moins que moi-même qui écrit de la littérature porno sans pseudo, avec le même nom qui me sert pour aller bosser. Il est vrai que je considère que être soi autant que possible est plus important que... tout. Je n'ai qu'une vie -- vous aussi, qui me lisez -- et je ne veux plus la dépenser à être quelqu'un d'autre. Mes concessions en la matière sont extrêmement limitées, j'en conviens.

Cependant, je rassure tout le monde : il ne m'est rien arrivé. Et je suis persuadée que vous pouvez liker mes publications si le cœur vous en dit, sans qu'il ne vous arrive rien de plus que de devoir constater l'immense sottise de certains de vos contacts.


J'ai été étonnée, mais j'ai aussi été blessée. Être cachée comme une maladie honteuse, ça file un petit coup au moral.


Et puis, poursuivant ma réflexion, j'ai songé à la grande hypocrisie que tout cela recelait. Hypocrisie que je ne rencontrais pas pour la première fois, évidemment.


J'ai eu l'occasion de participer au tournage d'une émission de télévision qui a été diffusée lundi 9 mai, sur France 2, Toute une histoire. Le thème : le plaisir féminin. Lors d'un micro trottoir réalisé à cet occasion, une des questions étaient de savoir si c'était encore un sujet tabou. Oui, le sexe, ce truc vendeur qui s’étale partout, est-ce que c'est encore tabou. Non, bien sûr. Enfin, plus vraiment, n'est-ce pas ?


Pourtant, sur ce plateau télé, j'étais la seule femme à témoigner à visage découvert. Et à vrai dire, j'ai alors eu la sensation de prendre un risque. Le thème n'était pas simple à aborder de façon pudique, surtout sous l’œil d'un psychiatre mâle ayant écrit un livre sur le sujet, mais c'est surtout le fait de me retrouver seule au feu qui m'a fait une drôle d'impression, celle d'aller trop loin, peut-être. En tout cas d'aller là ou les autres refusaient d'aller.


Le sexe, finalement, n'est pas tabou tant qu'il s'agit de celui des autres. Mais quand il s'agit de parler de son plaisir, ou de "liker" publiquement les publications d'une sympathique pornographe, bizarrement, il n'y a plus grand monde. Chacun se croit tellement important que la foudre -- divine peut-être, parentale, surement -- va lui rétrécir le pénis, lui fourrer quelque chose quelque part, le convoquer chez son N+2 ou que sais-je de tout aussi abominable. Pêché d'égo.


Quel monde est le notre, qui exhibe des femmes à poil dans des positions lascives pour vendre du yaourt, expose à hauteur d'enfant les titres racoleurs de journaux féminins qui se demandent comment bien sucer ou s'il faut s'épiler la raie des fesses, mais où avouer discrètement qu'on a lu un livre porno dans l'intimité de sa chambre est encore sulfureux et où une femme ne peut pas dire qu'elle jouit, ou qu'elle ne jouit pas -- les deux étant tout aussi honteux -- sans passer pour une fieffée garce ?







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La Narrative

La narrative va progressivement être limitée à mes activités d'auteur. A partir de janvier, publication en feuilleton du roman Le mystère de l’hippocampe, roman érotique mais pas que !

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