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X3 : Est-il nécessaire d'être inspiré ?


Il n'est pas rare, lors des ateliers d'écriture que je propose, qu'un participant fasse la moue (celle avec les lèvres en avant, le nez parfois un peu froncé, oui, celle qui mime un léger dégoût) et affirme : "ça ne m'inspire pas". Ca ne m'affole pas vraiment. Je souris et confirme cette sensation désagréable que je comprends, ô combien ! Moi-même, il m'arrive de ressentir exactement cela lorsque je passe de l'autre coté de la barrière, que je participe à un atelier et que l'animateur m'assène une proposition que je tourne et retourne avec suspicion, ou que je reprends un manuscrit en panne. Le manque d'inspiration n'est qu'une étape, mais une étape où nombre d'écrivains en herbe s'arrêtent. Et c'est dommage.


“On ne peut pas attendre que l’inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue.” C'est Jack London qui affirmait cela, et je crois qu'il avait raison. Attendre sans rien faire que l'inspiration nous visite, c'est un peu comme s'asseoir sur un banc et attendre le grand amour. On risque de finir séché et stérile.


Mais quelle est cette massue dont parle Jack ?


Le travail bête et méchant, déjà. Je ne suis pas inspirée ? Tant pis ! J'écris ! On peut commencer par n'importe quoi (même la description de notre méchante humeur, ou de la pluie sur les toits de Paris). En général cela nous semble très mauvais. Ce n'est pas grave, il faut poursuivre. L'inspiration viendra sûrement en faisant, et si elle ne vient pas vous aurez toujours avancé votre écrit, vous aurez quelques paragraphes, quelques pages, que vous pourrez retravailler. Ou que vous laisserez tomber mais vous aurez fait vos gammes, vos vocalises. Vous vous serez échauffé. Stephen King a affirmé dans son livre qu'il a consacré à son métier d'écrivain qu'il avait très souvent l'impression de seulement "pelleter la merde".

Massue ou pelle à merde, on est bien loin de la muse venant instiller sa douce mélodie au creux de l'oreille du poète.

L'inspiration me vient très souvent en écrivant. Je ne sais pas ce que je vais écrire, mais j'y vais. Ce sont mes plus belles découvertes d'écriture, mes plus belles inspirations. Tout à coup, c'est comme si quelque chose de plus grand que moi me dictait mes mots. Je ris, je pleure, je saute de joie, parce que je suis la première lectrice d'un texte inconnu, même de moi qui l'écrit, pourtant.


On peut aussi se mettre en situation de recevoir l'inspiration, créer l'état intérieur qui va permettre l'éclosion de sensations, émotions, fulgurances, que l'on transformera en création.


L'inspiration est comme un orgasme récalcitrant : plus on le cherche et moins on le trouve. C'est donc dans un abandon suffisant, mais attentif, que l'on trouve ces éclairs de plaisir.


C'est à dire ? C'est tout autour de soi que l'on trouve les points d'accroche. Car l'inspiration est un lien inattendu qui se fait entre quelque chose d'extérieur à nous et notre monde intérieur. Mais comment faire ? Comment provoquer l'inattendu ? La curiosité et le jeu sont les deux éléments qui m'amènent régulièrement vers la créativité. C'est une façon nouvelle de voir ce que l'on voit pourtant tous les jours, c'est remarquer un détail jamais aperçu. Ou c'est découvrir un tableau, un nouveau thé, une nouvelle musique. Mais il est nécessaire de décider d'avoir sur les choses un regard étonné, joueur, voire taquin. Sinon c'est la routine qui prévaut, le jugement rapide, et rien de nouveau n'éclot.


Avant d'être une inspiration d'écriture, l'inspiration est une émotion, souvent accompagné d'une image. Je me souviens d'un après-midi sombre et humide durant lequel je me suis installée dans un café et où j'ai demandé un thé fumée. Il était excellent. Si excellent que je me suis concentrée avec délice sur mes sensations, sur mes papilles, sur la chaleur dans ma gorge, sur le bien être soudain. Tous mes sens en alerte ont alors créé une image qui synthétisait l'instant. J'aspirais les nuages gris. La tasse était en liaison direct avec le ciel et je le vidais de ses merveilleux nuages au goût de fumée. Instantanément, une trouée est apparue et un rayon de soleil à caressé l'eau du canal.

Si je n'avais pas été attentive à ce que je vivais, si je n'avais pas tout lâché pour juste m'absorber dans mes sensations, je serais passée à coté de cette image, à coté de l'inspiration.


Mais j'aurais pu aussi oublier cet événement - je dis événement car cet épisode s'est ajouté à mon panthéon des moments de bonheur, ces moments qui font la magie de la vie -, j'aurais pu donc oublier cet événement si je ne l'avais pas noté dans le carnet que j'ai toujours sur moi. Car l'inspiration est souvent aussi fugace qu'un rêve (avec lequel elle partage beaucoup d'autres points communs). Et de la même façon qu'il faut noter ses rêves si on veut s'en souvenir, il faut consigner ses moments d'inspiration pour les garder et les utiliser plus tard, à sa table de travail. Mon carnet est un réservoir d'inspirations. Ayez donc le votre.


Alors, la prochaine fois que vous n'avez pas l'inspiration, souriez et déclarez que ce n'est pas grave. C'est juste une manoeuvre de votre mauvais génie pour vous garder du coté de la raison raisonnante. Faites-lui un croche patte !

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La Narrative

La narrative va progressivement être limitée à mes activités d'auteur. A partir de janvier, publication en feuilleton du roman Le mystère de l’hippocampe, roman érotique mais pas que !

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